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La Résolution de l’inflammation est un mécanisme biologique naturel que notre corps déclenche. Sans ce processus, une inflammation ne peut pas s’arrêter. Cette découverte majeure est un vrai changement de paradigme qui explique comment contrôler l’inflammation !
Et maintenant, si l’on vous expliquait comment fonctionne la résolution.
L’inflammation : une réponse de défense contrôlée
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Avant toute chose, revenons aux bases : qu’est-ce que c’est une inflammation ?
C’est une réponse normale de notre organisme qui mobilise les mécanismes de défense de notre corps. Elle naît, s’amplifie et s’éteint, car l’inflammation est la riposte de nos tissus à une agression.
Quelles sont ces agressions ?
- Une cause externe comme une bactérie ou un virus lors des infections que nous subissons.
- Un facteur interne comme une cellule cancéreuse ou bien l’apport en de trop grosses quantités de mauvaises graisses ou de sucres (lors d’une obésité par exemple).
Cette réaction, qui doit être limitée dans le temps, perd parfois ses mécanismes naturels de contrôle. À ce moment-là, l’inflammation devient chronique.
Le mécanisme de défense se transforme en maladie comme la polyarthrite qui touche les articulations, la maladie de Crohn qui abîme le tube digestif et bien d’autres encore (diabète type 2, covid…)
Retenez bien que toutes les affections comprenant un suffixe en –ite (mais pas que : Alzheimer par exemple !) sont des maladies inflammatoires. La liste est longue…
L’inflammation, la première riposte de notre corps
Les agents infectieux, les substances chimiques, les coupures, les traumatismes, en bref, tout ce qui agresse notre corps, sont les causes de l’inflammation. Elles sont nombreuses.
Toute modification de l’équilibre d’un tissu va déclencher une réponse inflammatoire. Elle est là pour rassembler les systèmes de défense et de réparation.
Le contrôle de l’inflammation se fait grâce à la résolution. Cette réaction a pour but le retour à l’état stable initial. C’est l’homéostasie. Une sorte de baromètre. Il permet au corps de se retaper tout seul !
L’inflammation mobilise de nombreux éléments du corps :
- Des cellules
Principalement des globules blancs du sang (les monocytes, les cellules polynucléaires et les lymphocytes). Regardez votre prise de sang : vous les reconnaîtrez ! - Des médiateurs solubles
Ils favorisent une bonne communication entre les différents acteurs cellulaires. Ces médiateurs solubles servent de messagers.
Qui sont-ils ?
- Des protéines (les cytokines),
- Des lipides (les prostaglandines),
- Des molécules du stress oxydant comme l’anion superoxyde.
L’ensemble de ces intervenants agit à des moments bien précis. Cela se passe de façon séquentielle au cours de l’inflammation. Ainsi, le corps peut se défendre efficacement et cicatriser. L’inflammation doit s’arrêter pour éviter qu’elle ne devienne chronique et donc une maladie.
En résumé
Qu’est-ce qu’une inflammation ?
L’inflammation est un processus naturel de défense de notre corps face à un virus, une bactérie, une cellule cancéreuse… Toute modification de l’équilibre d’un tissu va entraîner une réponse inflammatoire. Si elle n’est pas contrôlée, le mécanisme de défense se transforme en maladie.
Les trois types d’inflammation que subit notre corps
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1. L’inflammation aiguë
C’est cette fameuse inflammation de défense. Son but ? Diminuer l’intensité et la durée des crises.
Celsius, il y a deux mille ans déjà, détaillait l’association d’une réponse inflammatoire à 4 signes cliniques.
Vous les connaissez, ce sont :
- La rougeur,
- Le gonflement (maintenant appelé œdème),
- La chaleur,
- La douleur.
D’un point de vue tissulaire, l’inflammation évolue en trois étapes : l’initiation, l’amplification et la résolution.
L’initiation marque la phase vasculaire.
Les vaisseaux sanguins stimulés par le tissu environnant, le siège de l’inflammation, se dilatent. Ainsi, ils permettent un meilleur afflux sanguin. La perméabilité des vaisseaux augmente à l’endroit où l’inflammation se déroule. Le plasma diffuse du sang au tissu : l’œdème commence à se former.
La seconde étape est la phase d’amplification.
L’afflux est aussi marqué par un ralentissement des globules blancs du sang. Eh oui ! Ils adhèrent plus fort aux cellules des veines.
Que se passe-t-il ? Les globules blancs s’infiltrent dans le tissu pour amplifier l’inflammation. Les polynucléaires neutrophiles sont les premières arrivées sur le site. Ces cellules sanguines sont très actives. Elles amplifient l’inflammation et la douleur et participent aussi à la lutte pour détruire la cause de l’inflammation. Par contre, elles sont des cellules fragiles. Leur mort survient rapidement sur le site de l’inflammation.
La troisième étape : la résolution
Jusque dans les années 90, notre connaissance de l’inflammation se limitait à ces deux premières étapes.
La simple disparition des substances responsables de l’inflammation semblait nécessaire pour permettre l’arrêt de l’inflammation.
C’est pourquoi les anti-inflammatoires bloquent les phases d’initiation et d’amplification. Par exemple, l’ibuprofène agit en immobilisant les prostaglandines. Ces substances sont responsables de l’inflammation.
Selon la théorie scientifique, l’inflammation diminue de façon passive. Or ce n’est pas vrai, et les découvertes du Professeur Charles Serhan, faites à Harvard, ont permis de montrer qu’une troisième phase de l’inflammation existe : la résolution.
De nouvelles substances activent le tissu : les médiateurs spécialisés de la résolution. Pendant cette étape, une nouvelle vague de cellules apparaît aussi : ce sont les monocytes. Ils viennent éliminer les débris cellulaires et tissulaires. Ce sont les nettoyeurs du site inflammatoire.
La synthèse accrue des médiateurs spécialisés de la résolution, la mort des polynucléaires neutrophiles ainsi que les macrophages sont les trois éléments clés de la résolution.
2. L’inflammation chronique
Cette inflammation persiste, fait mal et va détruire le tissu qui est le siège de cette réaction. Ainsi, le mécanisme de défense devient la maladie elle-même.
Elle accompagne de nombreuses maladies et peut siéger dans un ou plusieurs organes. L’arthrite, les rhumatismes, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, le lupus, l’endométriose, l’asthme, les bronchiques chroniques, les hépatites, etc. Toutes ces affections sont des maladies inflammatoires chroniques, elles sont donc reliées à un défaut de résolution.
3. L’inflammation de bas grade
On l’appelle aussi l’inflammation de bas niveau ou à bas bruit. Chronique de faible intensité, elle ne cause aucune douleur. C’est pourquoi cette inflammation peut durer des années. Sa détection se produit uniquement en raison de conséquences graves comme le diabète, les maladies neurodégénératives ou le cancer. Les professionnels la surnomment la tueuse silencieuse.
Comment se met en place une réponse inflammatoire normale ?
Imaginez-vous, dans votre jardin en train de tailler vos rosiers. Soudainement, vous vous piquez avec l’épine d’une rose. À cet instant, un virus ou une bactérie s’invite dans votre peau. Eh bien, oui ! Cette piqûre est une opportunité !
Du coup, les cellules du tissu repèrent cet agent étranger et déclenchent l’inflammation. Cette action va produire des lanceurs d’alerte de l’inflammation : des protéines (cytokines) et des acides gras (prostaglandine et leukotriènes) qui ont pour rôle de déclencher l’inflammation.
Ça chauffe ! L’inflammation monte en intensité. Les signes cliniques apparaissent et s’amplifient. Le système de défense est en place. Il élimine le virus ou la bactérie introduits par l’épine.
Et la résolution dans tout ça ?
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En parallèle des signaux pro-inflammatoires, des signaux-stop arrivent. Les médiateurs spécialisés de la résolution ou Specialized Pro-resolving Mediators (SPM) en anglais, sont positionnés. Ils viennent contrecarrer les lanceurs d’alerte inflammatoire pour stopper l’inflammation. Ce sont des lipides et ils sont regroupés en quatre familles : les lipoxines, les resolvines, les protectines et les marésines.
Sans les médiateurs spécialisés de la résolution, une inflammation ne s’arrête pas. Toute réponse inflammatoire mal contrôlée est donc un défaut de résolution.
Les activités biologiques des médiateurs spécialisés de la résolution
Les SPM stimulent la résolution de l’inflammation et réduisent la douleur. Ils se présentent comme des composés avec des bienfaits pour les activités biologiques. Ces médiateurs se synthétisent au niveau du site inflammatoire.
Ces « super » molécules passent dans la circulation sanguine et exercent leur activité à distance (activité autacoïde). C’est ainsi qu’elles vont permettre l’arrêt de l’inflammation : en bloquant les voies dépendantes de NF-kB par exemple.
Comment se traduisent les effets bénéfiques des SPM lors de l’arrêt de l’inflammation ?
Voici les signes visibles :
- Un retour accéléré à l’homéostasie, ce fameux état d’équilibre de notre corps,
- Une bonne cicatrisation,
- La mise en place des capacités de défense de l’organisme (elles sont non immunosuppressives).
Elles agissent en se liant à des récepteurs à la surface des cellules.
En résumé
Qu’est que la Résolution de l’inflammation ?
Un mécanisme physiologique naturel que notre corps déclenche tout seul afin d’arrêter l’inflammation. Pour éviter la maladie, notre organisme doit retrouver son équilibre, l’homéostasie. Si l’inflammation persiste, il y a défaut de la Résolution.
En conclusion, une inflammation se déclenche par la présence d’un agent étranger dans votre corps. Par exemple, une simple piqure avec l’épine d’une rose dans votre jardin, peut inviter un virus ou une bactérie.
À ce moment là, votre organisme va essayer de se défendre tout seul. C’est là que la Résolution entre en jeu pour battre l’inflammation. Si elle est contrôlée tout s’arrête ! Si le mécanisme ne fonctionne pas, l’inflammation devient une maladie.